Phénix – une seconde d'inattention



(février 2009)



Enfin, le dernier jour de cours. Puis les vacances. Toutefois, la prochaine étape, la Terminale, ne promettait rien de meilleur. Pourquoi devaient-ils aller à l'école ? Etait-ce pour libérer le temps des parents, l'éducation se contentant d'être la façade d'une garderie ? Etait-ce une machine à lobotomiser, rendant dociles et serviles les futurs adultes s'y présentant, ou une incubatrice de citoyens responsables et cultivés ? Difficile à dire.

Pour ce dernier jour, toute la classe avait décidé de se teindre les cheveux. Les professeurs s'étaient montrés plutôt réceptifs à cette opération excentrique, et avaient opté pour des activités basées sur la détente, à l'exception de la prof de sciences nat, qui avait mis un point d'honneur à finir le programme officiel pile durant les dix dernières minutes du cours. Cela n'avait pas empêché, de la part de plusieurs enseignants, quelques remarques sarcastiques en direction de certains élèves, concernant les perspectives à affronter durant l'année à venir.

Aussitôt l'ultime sonnerie déclenchée, Daniel quitta cette vénérable institution qu'était son lycée, pour se diriger vers le Barracuda, lieu sordide dont le patron faisait preuve d'une tolérance aussi douteuse qu'illégale concernant la consommation d'alcool par des mineurs.

Daniel n'était pas venu là par hasard. Il avait rendez-vous. En entrant dans le Barracuda, il jeta un coup d'oeil à sa montre, regarda autour de lui, et pris note des différents éléments s'offrant à lui : l'aménagement, l'éclairage, l'aquarium, la décoration, les personnes. Ayant appris que Robert Monroe avait revendiqué avoir vécu 200 ans au cours d'une unique nuit, Daniel s'était mis en tête d'essayer de ralentir le temps au cours de ses rêves, en tentant d'influer sur la cadence de l'horloge maîtresse de ses aventures nocturnes. Cela impliquait une certaine discipline durant sa vie éveillée, incorporant de tels reality checks. Après s'être focalisé sur divers détails spécifiques du bar, il en enregistra une vision globale, photographique, à la manière des pratiquants de taiji quan. Il esquissa ensuite quelques pas vers une table, où se trouvait installée sa copine Sarah. Les yeux de Sarah étincelaient, ce qui réjouit Daniel. Sarah était juive, toutefois ses dreadlocks semblaient indiquer qu'elle était peu encline à un strict respect de la pratique religieuse. À la table étaient également présents Nadia, qui elle était musulmane non pratiquante, et Thomas ; deux amis de Daniel, également en vacances ce soir-là.

Les premières pintes arrivèrent quelques minutes plus tard. Ils burent à la fin des cours, aux vacances, à la vie. Tout en discutant, ils enchaînèrent assez vite sur une deuxième, puis une troisième tournée. Leurs projets pour les vacances étaient dans l'ensemble au point. Nadia et Thomas allaient passer le BAFA, tandis que Sarah et Daniel répèteraient avec leur groupe ; Daniel était à la batterie, Sarah chantait. Puis ils rejoindraient leurs familles respectives à diverses destinations.

Ils essayèrent d'ébaucher un plan pour se voir pendant les vacances, mais au fond, ils se rendaient bien compte que les difficultés matérielles étaient à ce moment insurmontables. Tant qu'ils étaient mineurs, la société leur interdisait à peu près tout, à tort ou à raison ; toujours est il que pratiquer une activité autonome de manière légale leur était quasiment impossible. Ils décidèrent de remettre ça à l'année suivante.

Daniel finissait sa troisième pinte, et il sentait qu'il devait évacuer ce qu'il avait bu. Il se leva, fit quelques pas, et descendit un escalier sombre situé à droite du comptoir. Aussitôt, il fit face à deux portes blanches familières, éclairées par des néons grésillants. L'une affichait le symbole d'une fille munie d'une jupe, l'autre celui d'un homme élégant portant chapeau et canne. Sous le logo une main inconnue avait inscrit ces mots au marqueur noir :

There was a man who gave up
Smoking drinking and sex
He lived healthy right up
To the time he killed himself

Daniel franchit naturellement la porte du type en haut-de-forme. Quelqu'un chantait d'une voix mal assurée. Le jeune homme se débarassa de la bière qu'il avait accumulée, et avant de remonter se regarda dans la glace. Il avait les yeux brillants, il était prêt à affronter le monde. Cependant il ne remonta pas les escaliers quatre à quatre, mais calmement, une marche après l'autre. Une fois au niveau du bar, il entendit une voix familière derrière lui.

« Ah, Daniel, sympa avec tes cheveux verts. Tu défends la cause des orphelins de guerre ? »

Daniel tourna la tête.

« Comment ça va, Victor ? Salut, Alexis. »

En apercevant son ami si jovial, Daniel sourit. Victor lui tendit un verre rempli d'un liquide transparent, mais trouble et constellé de feuilles de menthe et d'écorces de citron vert.

« Je t'ai pris un mojito, pour fêter la fin de l'année. »

Alexis souleva une invisible casquette pour saluer Daniel. Puis ils rejoignirent la table, et parlèrent de musique post-rock. Daniel avait un peu d'argent, gagné en livrant des croissants et du café chaud le matin à divers retraités du voisinage. Il offrit ainsi une tournée de sex on the beach ; car l'argent ne sert-il pas à être dépensé afin de faire plaisir à ses amis ? Cependant Daniel n'était à partir de là plus vraiment maître de ses mouvements et de ses actions, et c'est sans vraiment y réfléchir qu'il commanda une autre tournée. Au moment où celle-ci arriva, l'adolescent réalisa que le monde était un bien bel endroit, et que la vie valait la peine d'être vécue. En un mot il était heureux.

Tom regarda sa montre et fit signe à Nadia. Ils se levèrent et souhaitèrent bonnes vacances à tout le monde. Daniel tenta de les retenir quelques minutes, sans succès. Alexis demanda à Sarah et Daniel leur programme pour la suite de la soirée. Comme ils ne savaient pas trop, il leur proposa de manger dans une petite pizzeria de la place, après quoi ils iraient tous ensemble en boîte. Pour Daniel, ivre, et Sarah, qui semblait le suivre dans cette voie, c'était le plan parfait, et même au-delà du parfait. Le patron du Barracuda, constatant que la table de Daniel lui rapportait pas mal d'argent ce soir-là, offrit à chacun un shooter pour les remercier de leur fidélité. Ils avalèrent le shooter en quelques secondes, avant de prendre poliment congé.

La pizzeria était remplie, mais Sarah, Daniel, Alexis, et Victor eurent la chance d'arriver au moment où une table de quatre s'apprêtait à partir. Alexis commanda une pizza hawaïenne, Victor une pizza texane, Sarah des lasagnes végétariennes, et Daniel des tagliatelles au saumon. Alexis, qui était majeur, offrit le vin, un Montepulciano de Abruzzo. Victor était également majeur, il avait quitté le système scolaire et gagnait sa vie grâce à des petits boulots à gauche à droite. Il fit remarquer que Sarah et Daniel seraient bientôt en âge de voter, et leur conseilla de ne pas prendre ce statut à la légère.

Le trajet en voiture jusqu'à la discothèque dura une quarantaine de minutes. Pour l'ambiance, Alexis avait mis un CD de hardstyle sur l'autoradio. Enfin, ils s'arrêtèrent sur un parking assez délabré, et Victor prit une bouteille de vodka et un pack de jus d'orange qui se trouvaient dans la boîte à gants, en compagnie d'un atlas et de quelques verres en plastique. Alexis ne but pas, car il devait conduire pour le retour, mais les trois autres en profitèrent allègrement. Au moment où ils descendirent de la voiture un bruit sourd de basses résonna à leurs oreilles. Il n'y avait rien autour de la boîte, qui était cernée par la nature. En se dirigeant vers l'entrée Daniel repéra quelques personnes stationnées, semblant attendre.

Le videur avait regardé Sarah et Daniel d'un oeil suspicieux, mais n'avait pas demandé leurs papiers et les avait laissés entrer sans histoire, après leur avoir tamponné une marque invisible sur l'avant-bras. Il n'y avait pas encore beaucoup de monde ; ils se rendirent à la salle la plus sympathique musicalement et s'installèrent sur des canapés en velours. Daniel, qui ne fumait pas d'ordinaire, accepta une cigarette d'Alexis. Victor montra des photos que son cousin avait prises au Népal, alors que la salle se remplissait petit à petit. Daniel et Sarah commençaient à comater, à cause de l'alcool ; ils allèrent alors sur la piste pour bouger un peu. Daniel dansait comme un pantin en transe, sur la musique hardcore ; à un moment il s'arrêta complètement pour embrasser Sarah, sur le coup il trouvait en effet l'ambiance romantique et propice à ce genre de choses. Pendant ce temps, Victor était allé au bar, et quand il revint il trouva Alexis très pâle, son téléphone à la main. Daniel avait quitté la piste pour les rejoindre, et Alexis déclara que sa petite soeur, Johanna, avait été percutée par une voiture et se trouvait aux urgences. Victor décida de l'accompagner. En temps normal Daniel aurait fait de même, mais Alexis ne voulait pas gâcher ses vacances, et dit que Daniel et Sarah feraient tout aussi bien de rester, d'autant plus qu'ils étaient arrivés il y a moins d'une heure. Se posait le problème du retour, mais Daniel assura qu'ils pourraient sans problème appeler un taxi.

Le départ précipité d'Alexis et de Victor laissa un grand vide, ainsi que des boissons non consommées que Victor venait tout juste de ramener. Daniel but tout frénétiquement, et à cet instant il réalisa qu'il lui fallait davantage que de l'alcool. Il vivait hors de son corps, qu'il ne contrôlait plus, et c'est mécaniquement, tel un zombie, qu'il sortit de la discothèque et se dirigea vers les silhouettes parquées à l'extérieur, qu'il avait aperçues avant d'entrer. La transaction se fit presque sans échanger une seule parole, et dès qu'il eut donné les billets, il reçut une sorte de papier buvard et une pastille. Leur consommation dura environ une seconde, mais quelques instants après, Daniel, dans un très court accès de lucidité, regretta immensément son geste, et fut pris d'une brève panique. Pourquoi avait-il fait une chose pareille ? Ce minuscule instant d'inattention allait lui coûter cher, très cher, il le pressentait. Maintenant, le temps comptait, il devait partir immédiatement avec Sarah. Il rentra dans la discothèque, après avoir présenté son tampon fluorescent. Il chercha son amie du regard, mais elle n'était plus sur la piste. Il erra dans tous les recoins, effectuant plusieurs passages, sans la trouver. Il sortit à nouveau de l'établissement ; le parking était à l'extrêmité d'une route qui se trouvait à la lisière d'un bois. Peut-être était-elle allée prendre l'air ? C'était peu vraisemblable, car il faisait vraiment très froid et elle n'aurait pas quitté les lieux sans le prévenir. Daniel prit son portable et composa fébrilement le numéro de Sarah, après avoir constaté que sa batterie était bientôt épuisée. Aucune réponse ; son mobile était apparemment éteint. Après avoir exploré le parking en vain, il décida alors de s'assurer qu'elle n'était pas dans le bois, et il engagea quelques pas dans un sentier. Il fut rapidement découragé par l'obscurité, et retourna dans la discothèque.

Daniel se dit qu'en dernier recours, quelqu'un l'avait peut-être vue. L'adolescent tira de son portefeuille une photo d'identité de sa copine, en demandant aux personnes qu'il croisait si cette tête leur évoquait quelque chose. Il se rendait très vaguement compte que sa voix était tremblante et qu'il répétait souvent plusieurs fois les mêmes syllabes. Les gens se contentaient de hausser les épaules, ou l'ignoraient. Il entra dans les toilettes pour filles, mais ne la vit pas. Il en profita pour se passer de l'eau sur le visage, et, se remémorant son objectif d'arrêter le temps, resta de longues minutes ainsi. Le cri d'une fille qui venait d'entrer le réveilla.

Lorsqu'il retourna dans la salle principale, la musique avait changé. Elle était plus intense, plus profonde. Daniel sentait son corps entrer en harmonie avec les basses, et les vibrations de l'air transmises par les membranes des hauts-parleurs le caressaient. Les notes convergeaient en volutes colorées qui s'élevaient et tourbillonnaient dans la pièce. Au fond, il avait tort de s'inquiéter, il pouvait rester un peu à apprécier la musique, et Sarah finirait par réapparaître d'un instant à l'autre. Les gens autour de lui avait pris une allure plus féline, plus carnassière.

Tout en cherchant des yeux Sarah, Daniel dansait, de façon désarticulée. Il voyait l'ambiance de la salle se géométriser, malgré le fait que cela ne voulait pas dire grand chose. La scène évoluait au rythme d'un invisible stroboscope, comme si le monde auquel il faisait face était continuellement détruit et recréé. Il était asphyxié par les effluves des parfums dont les autres clients s'étaient vaporisés, comme si chacun avait vidé tout son flacon. Soudain Daniel aperçut Sarah, près d'un des bars, discutant avec un inconnu. Il en ressentit un immense soulagement, et un frisson de bonheur le parcourut. Puis un doute : était-ce vraiment elle ? Il ne la voyait que de dos.

Il avança précipitamment vers l'ombre, et du coup heurta quelque chose et tomba. Il sombra dans l'inconscience.

Daniel baignait dans ses souvenirs. Dans la verte prairie recouverte de fleurs luxuriantes, dans l'herbe épaisse, se cache un précipice abyssal... ils refusent de voir la vacuité humiliante qui se cache derrière la façade aux couleurs vives créée par la vision illusoire qu'ils ont d'eux-mêmes construite ils ne réalisent pas que cette façade est dépourvue de toute originalité... Ces mots que l'adolescent avait lus autrefois revenaient aujourd'hui.

C'est la pluie qui ramena Daniel à la réalité. Il ouvrit les yeux et sentit le contact des gouttes glacées qui le percutaient et coulaient le long de sa nuque. C'était un vrai déluge. Sa tête reposait dans une flaque qui avait dû se former au cours de la nuit. Il essaya péniblement de se lever. Il chercha son téléphone portable, et s'aperçut que celui-ci était devenu inutilisable en raison de l'humidité environnante dans laquelle il avait séjourné. Il chercha alors son portefeuille, pour se rendre compte qu'il ne l'avait pas sur lui. Daniel joignit ses mains l'une contre l'autre et ferma les yeux pour réflechir.

Il était rentré chez lui, et était maintenant seul avec Sarah. Derrière elle se trouvait son portefeuille qu'il croyait avoir perdu. Il l'avait tout simplement laissé à la maison ce jour-là. Il se sentait flottant, et lorque Sarah le frôla, il frémit. Il la prit doucement dans ses bras, en ressentant un plaisir infini en chacun des atomes de son corps.

Daniel voguait avec Sarah en parfaite communion avec elle. Ils étaient enveloppés d'une brume romantique les isolant du reste du monde. Les contraintes matérielles avaient disparu, et ils accédaient ensemble à un univers plus élaboré, plus éthéré, plus sensoriel. Ils n'étaient que microcosme dans le vaste monde, mais le monde leur appartenait.

Il regarda Sarah, elle était vraiment belle, et il pensa alors à la photo d'identité qu'il avait montrée aux autres clients de la boîte. Bizarre, il avait la photo d'identité sur lui, c'est donc qu'il avait également son portefeuille. D'ailleurs il avait payé beaucoup de choses cette nuit-là. Alors qu'est-ce qui expliquait cette présence sur cette table, chez lui ? Quelque chose n'allait pas. Il regarda à nouveau Sarah. Ses yeux étaient très brillants. Non, quelque chose n'allait pas. Il inspira profondément. À ce moment, une sensation extrêmement bizarre traversa la tête de Daniel ; il perçut la résonance d'un rire intérieur, un rire diabolique, moqueur. Il sentit un vent glacial entrer dans sa gorge.

Il leva les yeux, il était à nouveau allongé dans la flaque d'eau, sous la pluie. Il essaya à nouveau de se lever. Mais cette fois, il ne parvenait pas à bouger, il était complètement immobilisé. Pourtant il respirait normalement. Il sentait progressivement le battement de son coeur accélérer, puis revenir à un rythme plus lent, puis accélérer à nouveau, à une cadence plus intense que le pic précédent. Mais il ne pouvait rien y faire. Il assistait, impuissant, à la montée inexorable de son rythme cardiaque. La fréquence des pulsations devint difficilement supportable, puis intolérable. Lorsque la douleur atteint son paroxysme, Daniel ressentit une déflagration jaillir de son coeur, et l'onde se propagea à tout son corps. Il eut un spasme. L'adolescent songea à un éventuel arrêt cardiaque, alors qu'il était parfaitement conscient. Que dirait sese amis, s'il venait à mourir maintenant ? Que diraient sa famille, ses connaissances ? Toutes ces personnes, qu'il connaissaient bien, lui semblaient pour le moment hors d'atteinte. Soudain il se rendit compte qu'il pouvait se mouvoir à nouveau. Il porta sa main à son coeur, tout semblait normal. Il se leva.

Son téléphone était toujours hors d'usage, et sa montre, légèrement rayée, indiquait cinq heures trente. Il chercha son portefeuille, sans le trouver. C'est ça ; afin de retrouver Sarah, il avait récupéré sa photo dans son portefeuille, et, en la montrant, l'avait machinalement posé sur un canapé. Il était impensable que personne ne l'ait vu. Cependant, la personne l'ayant trouvé était-elle honnête et prête à lui rendre ? Dans ce monde, dans ce genre de frénésie nocturne, c'était difficilement envisageable. Daniel essaya de faire le point. Il avait donc perdu son argent, diverses cartes de fidélité, et surtout ses papiers. L'adolescent fut envahi par l'impression d'avoir perdu son identité. Sarah également s'était volatilisée. Son absence le hantait. Daniel se dit qu'il devait avant tout rentrer chez lui. Il réalisa alors qu'il n'avait plus ses clefs, qui se trouvaient également dans son portefeuille. Il devait prévenir ses parents que des inconnus détenait ses clefs, et son adresse. Il regarda autour de lui, il était dans une sorte de clairière. Il suivit un sentier et se retrouva bientôt face à la discothèque ; celle-ci était fermée, et il n'y avait personne aux alentours. Un néon éteint indiquait le nom de l'endroit, le Phénix. Pour couronner le tout, l'effet des produits qu'il avait pris n'avait pas disparu.

Daniel se sentait fiévreux et désemparé. Si seulement Victor était là. Il avait lu dans le journal quelques faits divers concernant des toxicomanes s'étant retouvés complètement démunis face à la société, mais il s'agissait de l'issue tragique d'épisodes s'étendant sur plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Se pouvait-il que ce jour-là il fût en une soirée devenu l'un d'entre eux ? À cet instant il n'en recueillait aucun ressentiment, mais il anticipait cruellement que ce qu'il vivait en ce moment allait être catastrophique pour son avenir. Il présageait en même temps du pire pour Sarah. Où était-elle ? Comment était-elle rentrée ? Pourquoi l'avait-il abandonnée ? Pourquoi était-il dans cet état à présent ? Sorry Angel, sorry so... Cette ignorance, cette incertitude, submergeait l'adolescent qui en éprouvait une détresse incommensurable. Daniel se demanda s'il ne s'agissait pas d'un mauvais rêve, et procéda à ses reality checks familiers, pour conclure avec résignation que ce n'était pas le cas.



Little Neo, 2009

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